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Coucou à toutes et tous !

J'ai décidé de proposer dorénavant des suivis bornés dans le temps et intensifs, trouvant cela plus efficace qu'un suivi 1x/semaine qui dure des années... Seulement, une collègue médecin me demande, à chaque fois que je la croise (et je la croise souvent...), pourquoi je fais comme ça, pourquoi je ne prends pas plutôt les jeunes 1x/semaine, ça me permettrait d'en voir +, les autres orthos ne font pas comme ça, etc. Je lui ai déjà expliqué plusieurs fois ma façon de voir mais je sens que ça ne lui suffit pas (en tout cas elle ne me lâche pas !). Auriez-vous des articles, des mémoires, que sais-je, qui pourraient appuyer mes arguments ?

Merci beaucoup et bonne journée !!

ça serait aussi quelque chose que j'aimerais mettre en place, mais je suis bloquée par le fait que les enfants louperaient beaucoup l'école et par la mobilisation des parents.

Combien de fois par semaine vois-tu les enfants ? Cela passe bien auprès des parents ?

La formatrice Isabelle Bobillier Chaumont ne prend que des prises en charge pluri-hebdomadaires, sinon, elle ne prend pas les enfants.
Je ne sais pas si elle-même a des éléments "scientifiques"...

Peut être sur le blog "tout cuit dans le bec"? Questionnement très intéressant en tout cas, je suis en plein dedans!

En fait je travaille en structure, ça m'a permis de mettre en place ce système dès mon arrivée... Il n'y avait pas eu d'orthophoniste depuis pas mal de temps, donc assez facile et la direction était totalement pour. La seule personne qui coince, c'est le médecin de la structure...
En libéral, j'avais essayé, mais effectivement c'était plus compliqué. J'ai déjà entendu des collègues qui le faisait, donc ça doit être possible !!

Je les vois au minimum 2 fois par semaine. En fait 2x plus des temps sur les groupes éducatifs pour certains d'entre eux (par exemple pour mettre en place une CAA).

Merci pour le lien du blog, je ne le connaissais pas !

les 10 principes qui font l'unanimité comme influençant la plasticité cérbrale de Klein et Jones 2008
- utilisez le ou perdez le
- utilisez le ou améliorez le
- la spécificité
- la répétition
- l'intensité
- la question du temps
- les caractéristiques de l'expérience
- l'âge
- le transfert
- l'interférence

"principles of experience-dependent neural plasticity : implications for rehabilitation after brain damage. Journal of speech, language, and hearing research, 2008"

une pédiatre, un jour, il y a lgtps, m'avait parlé d'une étude de Toulouse (je n'en sais malheureusement pas plus) qui montrait la meilleure efficacité de la pec plusieurs fois/semaine pdt moins lgtps, plutôt que 1x/sem pdt plus lgtps

Au moins 3 fois par semaine (à défaut déjà 2 ... ) c'est clair que cela semble le plus efficace.

Après concrètement, pour ce qui concerne les prises en charge des moins de 18 ans :  si on se met à la place des familles c'est quasi un défi de le mettre en place (trouver les horaires qui conviennent aux parents, à l'enfant , à l'ortho , sans trop louper l'école pour ne pas avoir  trop de trucs "autres" à rattraper , laisser une place pour d'autres activités et/ou aux parents de trouver aussi du temps pour les autres obligations de leurs autres enfants etc ... Franchement : chapeau).

Il y a l'idéal et ... il y a la réalité .

Cela dit en général c'est faisable avec les adultes en arrêt de travail et/ou retraités (et/ou des enfants avec pathologies assez lourdes, genre "c'est pas grave s'ils loupent tel ou tel moment à l'école", et qui bénéficient d'un 100% et peuvent donc venir en ambulance ce qui simplifie côté dispo des parents...et de l'ortho...).

Vous ne parlez pas de la même chose, cette médecin et toi. Elle est dans une optimisation du temps d’orthophonie (plus il y a de gamins suivis, mieux c’est). Toi, tu es dans une préoccupation d’efficience. Tant que tu n’accèderais pas à son obsession, elle ne te lâchera pas. Ça va être coton car les instances financières et administratives vibrent sur un seul motto : « zero enfant sans solution ». Proposer 1 créneau toutes les 3 semaines ne serait pas choquant. Une case serait cochée et la file active réduite.

Pas d’articles à t’indiquer.
Je te conseillerais de te rapprocher de collègues (mais j’imagine que tu es la seule Ortho ?) pour que vous fassiez front à plusieurs. Cela peut être d’autres praticiens. C’est une des clefs en institution : ne pas faire cavalier seul. J’espère que tu as cette possibilité.

Côté arguments, tu peux évoquer les spécificités des troubles d’enfants différents (étayage, reprise, répétitions), le fonctionnement de la mémoire et la nécessité d’avoir plusieurs moments rapprochés pour faire réactiver les infos…
J’ai pratiqué en intensif pendant 20 ans en institution. Et depuis mon installation exclusive en libéral depuis 2 ans et demi, je fais de même ; les suivis ont pratiquement 3 séances hebdos. Quand les troubles sont bien prégnants, les familles répondent favorablement et les écoles ne s’opposent nullement aux séances. On parvient à trouver les créneaux les moins dérangeants et une fois les progrès bien en place, on peut réduire le rythme. Pour certains, ça dure mais il y a toujours pertinence à le faire.

On a tout de même deux catégories de patients : ceux qui rencontrent une difficulté "aigue" à un moment de leur vie (zozotement, petit problème dans la lecture). Quelques séances zintensives ou pas et hop c'est fini et tant mieux.

Et d'autres qui sont dans la chronicité, qu'il faut soutenir pendant tout leur parcours face à un handicap linguistique. C'est beaucoup plus dur d'envisager de l'intensif avec eux (fatigabilité cognitive) ET d'arrêter parce qu'ils ont besoin de relais et de soins.

J'ai déjà eu des appels d'adultes (plusieurs), des seniors révoltés parce l'orthophoniste voulaient couper le cordon après 1, 2, 3 ans à deux fois par semaine... Elle m'abandonne, etc.. Très dans l'affectif.

Rassurez-vous je n'ai pas pris, j'ai incité le patient à accepter le choix thérapeutique et à négocier.

Comme dans toute situation, une présentation des propositions au patient et à sa famille claire, justifiée, étayée permet d’éviter toute interprétation ou qui-proquo. Des mises au point régulières sur la situation en cours permet une réactualisation de la proposition. Cela permet de répondre sur les interrogations diverses, d’ajuster au mieux avec les possibilités de chaque partie. Perso, je n’ai jamais encore proposé de suivi intensif pour un zozotement ;-)

Cela ne les évite pas d'être clair, justifié, étayé, nos patients sont loin d'être rationnels... ou plutôt la relation de soins a une dimension irrationnelle.

Sinon bien sûr tu as raison Patati, on doit être rigoureux et donner les bonnes informations, quoi qu'il en advienne par la suite.