Suspension du tiers payant généralisé

par Claudie Ven 7 Juil 2017 - 10:34

« Agnès Buzyn suspend le tiers payant généralisé et lance une mission »

Le Figaro annonce un « apaisement en vue sur le sujet ultrasensible du tiers payant obligatoire, qui avait consommé le divorce entre les médecins et l’ex-ministre de la Santé Marisol Touraine ».
Le journal indique en effet qu’Agnès Buzyn « a annoncé [hier] la suspension sine die de la généralisation du tiers payant prévue jusqu’alors au 1er novembre. Ce n’est pas franchement une surprise : durant la campagne, Emmanuel Macron s’était prononcé pour «un tiers payant généralisable plutôt que généralisé» », remarque le quotidien.
Le Figaro relève que « même si elle se dit favorable au principe «car certains Français ont du mal à accéder à un médecin pour des raisons financières», la nouvelle ministre de la Santé reconnaît les difficultés de mise en œuvre ».
Agnès Buzyn a déclaré : « Il faut aussi que les médecins y trouvent leur intérêt. Je cherche une formule gagnant-gagnant. Je suis en train de travailler à la faisabilité de cette mesure, qui est compliquée techniquement ».
Le journal précise qu’« elle vient de lancer une mission de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) pour «trouver une solution technique afin que le tiers payant ne représente pas de la paperasserie supplémentaire alors même que les médecins ont besoin de retrouver du temps médical» ».
Le Figaro évoque un « satisfecit général chez les médecins, qui n’ont cessé de dénoncer l’impréparation de cette mesure et ont enfin le sentiment d’être entendus ». Claude Leicher, président de MG France, remarque ainsi : « Le fait qu’Agnès Buzyn insiste sur les difficultés techniques montre qu’elle a bien compris la nature du problème. Nous ne sommes plus dans une posture idéologique ».
Le journal observe que « les médecins ne sont pas par principe opposés au tiers payant : ils le pratiquent déjà pour les patients en affection longue durée, la maternité, et les plus fragiles financièrement (bénéficiaires de la CMU, ACS ou AME) ».
« En revanche, l’extension du système à toute la population les aurait obligés à se faire rembourser par les quelque 600 complémentaires santé du marché. Une source de paperasserie et d’impayés », poursuit le quotidien. Claude Leicher déclare : « Les mutuelles ne sont pas prêtes. La balle est dans leur camp ».
Le Figaro rappelle en effet qu’« une étude auprès des centres de santé avait chiffré à 4,40 € par consultation le coût du tiers payant. Une dépense que les généralistes, à 25 € la consultation, ne peuvent pas se permettre ».
Philippe Vermersch, président du SML, observe que « chez les radiologues ou les pharmaciens, la gestion du tiers payant représente deux à trois jours d’équivalent temps plein par semaine. Impossible pour un généraliste ! ».
« Quant à l’argument de l’accès aux soins, pour les syndicats, il ne tient pas. «Tout patient qui a une carte Vitale est remboursé dans les trois jours… avant même que son chèque soit encaissé», estime Jean-Paul Hamon [président de la FMF]. Autant d’arguments entendus par la ministre qui, refusant la coercition, a décidé de faire de la «co-construction» et du «dialogue» sa méthode de travail », conclut le journal."

SOURCE : MEDISCOOP