Double prise en charge toujours : les ITEPs ?

Bonsoir,

Depuis plusieurs mois, je reçois un enfant de 3ème cycle ayant énormément de difficultés à entrer dans le langage écrit (entre autres choses...). Il n'a pas de pathologie 'instituée' malgré quantités d'examens, pour ma part je pense que ses difficultés proviennent essentiellement d'une absence de cadre strict à la maison (famille peu stimulante et gamin dans la toute puissance). Les parents sont clairement dépassés... La psychologue scolaire parle de Trouble Oppositionnel avec Provocation, un peu extrême à mon sens : il n'est pas 'ingérable' et n'a pas eu de comportements délictueux dans le cadre du cabinet, mais impossible de savoir ce qu'il se passe hors du cadre orthophonique (même si j'entends des choses...).

A l'école, du fait de son comportement peu en phase avec les exigences scolaires et de quelques épisodes de violences verbales à l'égard de l'institutrice (je vous passe les insultes sexistes bien fleuries ), il a été décidé au cours de la dernière réunion pédagogique de le placer en ITEP. Ce n'est pas encore fait : il faut l'accord de la CDAPH ( je me demande d'ailleurs comment la chose va bien pouvoir se faire, étant donné qu'il n'a pas de statut particulier mais bon...).

Bien entendu, le loustic était bien perturbé au cours de la dernière séance, me reprochant à brûle-pourpoint de ne pas avoir été présent à la réunion pour le défendre...mais difficile de se rendre à une réunion dont on ignorait l'existence .

D'où la question : y a-t-il une situation de double prise en charge avec les ITEP (Institut Thérapeutique, Educatifs et Pédagogiques) ? A la lecture des statuts, ce n'est pas clair du tout ! Certains d'entre eux travaillent avec des SESSAD (jamais pu signer la moindre convention avec un SESSAD, je me suis toujours heurté à un refus systématique chez eux), d'autres non...

La structure d'accueil potentielle a été incapable de répondre à mes questions...et la CPAM ne m'a pas encore répondu.

Un ou une orthogestionnaire se serait-il trouvé dans cette situation ?

Quelle situation? Un établissement qui refuse de conventionner en juste contrat?
Il y avait un doc qui listait les types d'institutions selon leur mode de financement... Je ne sais plus s'ils mentionnaient les ITEPS.
Sinon je crois qu'une OG avait dit qu'elle avait un poste dans un Itep, si tu es pressé je te donne qqs noms. En privé, pcq je ne suis pas sûr.

J'ai actuellement en rééducation un enfant qui est en ITEP.
J'ai signé une convention avec l'ITEP qui me paie les séances chaque fin de mois. Je n'ai pas eu besoin de me "bagarrer" pour avoir cette convention; la secrétaire de l'établissement m'avait appelée pour m'expliquer leur fonctionnement avec les ortho libérales qui prenaient en charge des enfants de l'ITEP.

Ça fait du bien, non, de voir que parfois, il n'y a pas à se battre?
Euuh... sinon bon courage, Speirling...

J'ai une collègue qui travaille en ITEP et se fait rémunérer par eux. Elle a signé une convention.

Bon courage Speirling, parce que je sais que pas mal d'ITEP traînent des pieds

Laurent ma question était mal formulée : je voulais savoir si d'autres orthophonistes fréquentant Orthogestion s'étaient déjà trouvé en situation de double prise en charge avec des ITEPs .

Bon courage Speirling, parce que je sais que pas mal d'ITEP traînent des pieds

Oui, hélas... Ma remarque amère sur les SESSAD vient du fait que c'est vraiment le seul type de structure avec lequel je n'ai jamais pu signer une convention.

Concernant le cas de ce patient, l'ITEP est à 50 km au bas mot, disons que je n'ai pas trop envie de me battre avec eux pour signer une convention non plus sachant qu'il sera très difficile de se rendre aux réunions. Donc s'il y a un brin de trainage de pieds, on en restera là pour cette prise en charge...

La situation est simple : quand ce jeune aura une notification pour un ITEP émanant de la MDPH (sans besoin aucun qu'un "diagnostic" en tant que tel soit posé), les parents auront une liste d'établissements à contacter pour une éventuelle admission.
Si la structure a une orthophoniste, tu ne pourras plus intervenir auprès de ce jeune, à moins que les parents prennent en charge les séances financièrement en totalité. S'ils n'ont pas d'ortho, dans ces cas-là effectivement il faudra signer une convention avec l'ITEP pour qu'ils te payent les séances que tu feras avec lui étant donné qu'eux toucheront les sous pour cela.
Je travaille en ITEP, et pour eux les choses sont claires. Si besoin d'orthophonie, s'il n'y avait pas d'ortho dans l'équipe, ils prendraient en charge financièrement les séances.
J'en ai déjà parlé ailleurs, mais si je ne leur avais pas parlé de cette notion de double prise en charge, ils ne seraient pas au courant...

En aparté, les enfants et les jeunes qui ont besoin d'un ITEP n'ont en général pas besoin QUE d'un cadre éducatif à la maison, c'est souvent bien plus complexe que cela.
Si tu continues de le suivre car pas d'ortho dans l'ITEP, je te conseille de te rapprocher de l'équipe pour travailler ensemble, en toute cohérence : ils t'amèneront leur expérience, et tu auras sûrement aussi beaucoup de choses à leur apporter sur ce jeune. Bon courage!!

Encore en aparté, il semble t'avoir bien investie puisqu'il te considère comme une alliée : c'est précieux! Essaie au maximum de ce qui est possible de ne pas le laisser tomber...
Souvent, c'est les autres qui posent problème, ce qui expliquerait que pendant tes séances ça se passe pas si mal, il ne se sent pas ou moins en danger.
Je suis dispo en MP si besoin

Merci Mlaurebb pour tes réponses très détaillées, je ne manquerai pas d'échanger par MP si besoin .

C'est une prise en charge où je tâtonne pas mal, ayant souvent plus l'impression de faire du relationnel/psychologique que du purement orthophonique (même si le relationnel est une part importante de notre métier ^^). Disons qu'on arrive toujours à faire deux activités/exercices de 10 minutes environ (mémoire, attention visuelle, métaphonologie où il plutôt très performant, lecture pas trop mal même s'ils persistent plusieurs confusions visuelles !) mais après c'est un peu la débandade, les capacités attentionnelles s'émoussant beaucoup au bout de 20 minutes.

Il a énormément de choses à dire mais ne sait pas trop comment y mettre les formes (beaucoup de coq à l'âne) comme certains grands ados que je vois en logico-mathématiques.

De bonnes capacités cognitives (bonne observation et inférences) en fait dans le discours de l'enseignante c'est uniquement son comportement qui pose problème. Après je m'interroge quand même sur le bien fondé de l'orientation en ITEP : mis à part l'unique épisode de violence verbale mentionné dans le premier post, il n'y a pas ou peu de conduite hétéro-agressives (disons que je considère normal qu'à son âge on se retrouve impliqué dans quelques bagarres de manière occasionnelle ). La violence est surtout verbale avec un côté opposition/refus de la tâche ( 'je suis fatigué, j'ai pas envie...pfff...').

Mais une SEGPA ne serait pas indiqué non plus puisqu'il s'y ennuierait probablement.

En ITEP ils sont d'intelligence normale, et pas forcément violents.
Ils sortent du cadre... et plein d'autres choses...
Ton patient a l'air d'être un candidat pas si mal pour l'ITEP...
Et puis c'est déjà pas mal s'il tient 10 ou 20 mn sur une tâche!

Une collègue qui bosse en SESSAD m'a dit que lorsque l'ortho ne peut pas suivre un enfant, pas de convention : le médecin de la structure fait une ordonnance doublée d'un courrier à la CPAM pour expliquer la situation, et c'est la CPAM qui prend en charge....et c'est la CPAM elle-même qui a exposé la procédure...
A n'y rien comprendre!!

Je ne veux pas jouer les Cassandre, mais dans ce cas il faudrait que la réponse de la cpam soit écrite et signée... Certains ont eu des mauvaises surprises, même des années après...

Suite et fin de l'épisode :

La maman m'apprend à la dernière séance que l'enfant est admis à l'ITEP dont je parlais plus haut, à 60 km du cabinet. Mais bon, elle n'était pas sûre que la prise en charge pourrait se poursuivre.
Sur ce, j'appelle le psychologue coordinateur de l'ITEP : le gaillard est plutôt agressif, ne comprends pas pourquoi je l'appelle...'eh bien peut-être pour échanger sur ce patient avant votre réunion de synthèse ?'
'Non mais de toute façon, on travaille avec l'orthophoniste X qui est une de nos anciennes salariées, donc on va l'envoyer là-bas, ce sera plus simple' .
Je lui propose de faire parvenir le bilan et les notes de prises en charge à la consoeur : il n'avait pas l'air d'en voir l'intérêt.
 

Lettre envoyé au pédiatre prescripteur expliquant que l'enfant X est désormais suivi par l'ITEP de Y et qu'étant donné la distance entre l'établissement et le cabinet, la prise en charge se poursuivrait chez une consoeur du secteur. Je n'aime pas quand une prise en charge s'achève sans qu'on ait pu bien poser les choses en disant au revoir convenablement au patient...ça me laisse toujours une impression d'inachevé.

Sans parler du respect envers le patient qui passe aux oubliettes.

Oui, parfois ontombebien, parfois on tombe mal... c'est dommage quand ça se passe comme ça. Propose quand même aux parents un dernier rdv avec ce jeune. Qu'il sache que tu ne le laisses pas tomber et le mettre en confiance pour la suite, que ce qui se passe pour lui est le mieux pour lui, qu'il rencontrera d'autres professionnels attentifs. Et que tu es certaine qu'il saura en profiter! Pour éviter un conflit de loyauté entre autres.
Bon courage!

Je suis sûr que Speirling est le mieux placéE pour faire passer le message...
+ 1 avec ML bien sûr.