Accessibilité cabinet

Un PDF gouvernemental sur la disproportion entre les améliorations
apportées et leurs conséquences :

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(merci à Florence d'Ortho Infos)

Je suis fier, et j'ai choisi une autre solution pour ne JAMAIS avoir à envoyer mes bilans à la mairie.

Ce pdf peut aider ceux qui sont concernés et n'ont pas encore osé déposer de dérogation. Et 80 % de dérogations accordées, c'est très positif !

oui sauf que je me demande dans quelle mesure, ils pourront accepter une dérogation au seul motif qu'on se déplace à domicile ( dans mon cas c'est juste à cause d'une porte mal placée).. ?

La doctrine dominante serait que tous les professionnels de santé doivent être accessibles. L'argument qu'on se déplace est difficilement recevable au niveau administratif, qu'est-ce qui le prouve ? Beaucoup de spécialistes ou même de généralistes ne se déplacent pas, des orthos limitent aussi les créneaux de domicile, faute de dispos horaires.

oui mais les dispos horaires concernent les domiciles comme les actes au cabinet

Sauf que pour faire un domicile, il faut souvent l'équivalent de 2, voir 3 créneaux horaires ! (séance + trajet AR au domicile, plus ou moins éloigné : dans nos campagnes, on fait facilement 15 à 20 kms pour un domicile !)

Z'inquiétez pas les z'amis, comme je l'ai dis sur NPLO, on va devoir faire les deux: domiciles ET normes, tout ça pour avoir zéro personne en fauteuil dans nos murs. Ils demandent tous à ce que l'on vienne chez eux car se déplacer est souvent trop contraignant pour eux, à leur place je ferais d'ailleurs tout pareil! Mais pendant ce temps-là, tout le monde aura bonne conscience, tout sera possible, potentiellement. Tout sera bien en France, dans le meilleur des mondes possible.  

"Si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien :
Rien multiplié par rien : rien.
Trois multiplié par trois : neuf.
Cela fait rien de neuf ..."
(de Raymond Devos.)

Rien de neuf à l'horizon des ordonnances sur l'accessibilité, mais beaucoup de mouvement en coulisses semble-t-il.
La gazette des communes le 3 septembre :
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Pie Bavarde, tu lis dans mes pensées, comment tu fais ça ?

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Ah Ah....

La pie bavarde a écrit:Z'inquiétez pas les z'amis, comme je les dis sur NPLO, on va devoir faire les deux: domiciles ET normes, tout ça pour avoir zéro personne en fauteuil dans nos murs. Ils demandent tous à ce que l'on vienne chez eux car se déplacer est souvent trop contraignant pour eux, à leur place je ferais d'ailleurs tout pareil! Mais pendant ce temps-là, tout le monde aura bonne conscience, tout sera possible, potentiellement. Tout sera bien en France, dans le meilleur des mondes possible.  

J'ai tenté de voir l'un de mes patients aphasiques dans mon tout beau cabinet aux normes, alors que je le voyais jusqu'à présent à domicile : appel au médecin, mise en place d'un VSL, explications à chaque ambulancier que oui, il faut chercher Monsieur dans la salle d'attente et l'accompagner… Bilan : je vais retourner à domicile, c'est trop fatigant pour lui (et pour les ambulanciers et pour sa femme qui doit l'habiller de manière présentable…)

Mais j'aime avoir bonne conscience la Pie!

Réponse féminine: Tant mieux pour ton confort de conscience Bouclette, et je te comprends, mais pour ma position (celle qui n'engage que moi) pas question de me couper un bras (je parle de mes finances) et d'engager des travaux herculéens pour finalement les rééduquer....chez eux.

Réponse masculine: CQFD

Je vais vous dire ce qui se passe dans la réalité pratique avec le handicap, je vais même vous le dire tout net, et ceci est tiré de mon expérience professionnelle avec mes patients.

Les patients en situation de dépendance, qui ne peuvent venir au cabinet par leurs propres moyens, qui dépendent d'un ambulancier ou d'un transport dédié: Ils arrivent à peu près à l'heure. La séance dure 45 minutes. Il y a une heure de sortie de mon cabinet, que je respecte strictement. Mon patient descend, il attend l'ambulancier ou le transporteur dédié. 30 minutes après, il sonne à mon interphone (qui ne clignote pas, ben non): "vous pouvez appeler l'ambulancier parce que ça fait 1/2 heure que j'attends et je n'en peux plus".

je peux vous dire que là, le malade, il est non seulement ulcéré, mais en plus il se sent humilié. Voilà que la société de transport (quelle qu'elle soit) qui a 36 000 courses à faire, ne respecte pas les horaires, pour X raisons (valables ou pas on s'en fout, le résultat est le même), et que si vous lisez entre les lignes le message est le suivant: "de toute façon, t'es handicapé, tu seras bien obligé d'attendre, tu pourras pas rentrer tout seul, donc même si j'arrive en retard je toucherai mon transport, de toutes façons tu ne travailles pas, tu as bien le temps, moi je bosse dur, oui oui, j'arrive". Et le malade, il lit entre les lignes. Comme moi. Et il préfère  1000 fois que je vienne chez lui, parce que j'arrive à l'heure, que je repars à l'heure prévue, et qu'entre deux il ne s'est pas fait marcher sur la gueule par une organistation désastreuse qui le malmène. Parce que le malade handicapé, il ne supporte plus qu'on le malmène. Il ne peut plus. Il souffre assez comme ça, la coupe est pleine.

Alors on tente de nous culpabiliser "mais enfin, déjà qu'ils sont handicapés, et toi t'as l'outrecuidance de ne pas mettre ton cabinet aux normes? Mon Dieu quelle horreur" (voilà comment j'interprête le message sociétal). Et bien moi? non, je ne me sens pas coupable que mon prochain soit en fauteuil, et je n'ai pas peur de vous le dire. Cela me désole pour lui et me heurte, oui, et bien sûr que je vais me déplacer à domicile pour le soigner, évidemment. Mais je ne me sens pas coupable, parce que si demain ça m'arrive à moi, ce ne sera la faute de personne.

Et si demain je dois bénéficier de soins, je serai bien mieux chez moi avec le professionnel qui vient (si je le trouve!) que de me faire trimbaler par tous les temps avec des horaires improbables et de ne pas me faire récupérer à l'heure parce que le chauffeur, entre deux, ben faut bien...qu'il fume sa clope.

Pardon si je vous choque, je vais sûrement me prendre les foudres, tant pis. Moi, je vous dis ce que je vois. Et je dis aussi que la sécu, elle refusera X transoprts un jour ou l'autre parce que ça coûte moins cher que l'ortho se déplace, à 2.52 euros. La vraie vie.

Je suis tout à fait d'accord avec toi Marie!

C'est arrivé ici pendant un temps : la CPAM du Havre refusait les transport pour l'orthophonie. Si elle s'y remettait, elle nous déconnerait un sacré argument pour obtenir une dérogation.

Par chez moi j ai appris que la cpam etait en train de faire des controles patients par rapport au transport: et donc plus aucune prise en charge transport pour les actes non remboursés genre psychomotricité, même si prescription du medecin en règle et tout et tout, et pour l orthophonie, juste le transport vers l ortho la plus proche meme si elle ne fait pas la pathologie concernée. ..... et la cpam reclame les indus à cette famille de patient (1500 euros....) et du coup ben nous on attend pour reprende ou pas les séances....

2.52, c'est imbattable, tu peux retourner le truc dans tous les sens: nous irons à domicile. T'as qu'à voir: actuellement j'ai un couple de patients, tous les deux relèvent de mes compétences. Je me déplace, je fais deux séances à domicile pour 2.52 d'IFD. Imbattable. Nous sommes les meilleurs, tout le monde le sait mais personne le le dit

J'ai fait poser un toilette et le plombier a pris 70 euros de déplacement plus trois heures de main d'oeuvre à 60 euros de l'heure. Et ce n'est pas prohibitif pour un artisan.

François, tout pareil pour moi! Je lui ai dit, au plombier "je ne remets pas en question le prix de votre déplacement, simplement j'aimerais vous dire que la sécu, elle me file 2.52 pour me rendre chez mon patient". Fallait juste...que je le lui dise. J'ai raqué 60 euros son déplacement.

La pie bavarde a écrit:Réponse féminine: Tant mieux pour ton confort de conscience Bouclette, et je te comprends, mais pour ma position (celle qui n'engage que moi) pas question de me couper un bras (je parle de mes finances) et d'engager des travaux herculéens pour finalement les rééduquer....chez eux.

Réponse masculine: CQFD

La pie, j'ai ouvert mon cabinet il y a un peu plus d'un an, dans un immeuble neuf, donc je n'ai pas eu le choix de me mettre aux normes. Mais il est clair que si j'avais été locataire ou déjà installée dans un cabinet pas aux normes, je ne me serais pas coupée un bras pour mettre aux normes. Et l'exemple que je donnais te donne raison : j'ai un cabinet récent et aux normes (avec quand même des dérogations et tous les papiers et les prises de tête pour les obtenir) et au final je passe quasiment une journée par semaine à domicile : j'ai 7 séances de 45 minutes et les trajets, et je bloque 2 matinées (l'une de 4h et l'autre de 3h), et heureusement, les domiciles ne sont pas très loin… Si je les voyais au cabinet, cela prendrait 5h15, soit 1h45 en moins, temps sur lequel je pourrais prendre d'autres patients.
La mise aux normes du cabinet a coûté cher (environ 8000€ de travaux supplémentaires par rapport au montant à investir si je ne l'avais pas fait), mes charges sont plus élevées qu'auparavant (emprunt, etc.) et finalement, je ne peux accueillir les patients pour lesquels j'ai fait ces mises aux normes, pour toutes les raisons que tu as évoquées avant (l'attente, la fatigue, la vie…).
Peut-être devrais-je calculer la perte financière que mes domiciles impliquent par rapport à l'argent injecté dans le cabinet pour les mises aux normes et envoyer tout ça à nos chers élus…

Dans mon coin, les collègues ont trouvé la solution : elles ne vont plus à domicile. Une façon de tirer la sonnette d'alarme et de favoriser les VSL? Du tout. Juste un moins bon accès aux soins et des appels desespérés de patients qui appellent toutes les orthos du secteur et me demandent de faire 30 minutes de route pour aller les voir, ce que je refuse également, mais accepte d'aller plus près… Faudrait-il que nous arrêtions tous les domiciles? Je suppose qu'à part les patients, cela ne serait dérangeant pour personne. Et pire, la Sécu s'en frotterait les mains : il y a moins de prises en charge, donc moins de sous à sortir.

Bouclette, désabusée.

Ben oui, c'est sûr que nous avons les indemnités de déplacement les plus basses de tous les auxillaires médicaux, mais je vois mal comment on pourrait refuser les doms pour nos patients qui ne peuvent pas bouger de leur fauteuil...le probléme c'est qu'avec une durée de vie plus longue on a de plus en plus de patients âgés avec des maladies neurodégénératives . 
Et nous sommes professionnels de santé, alors...

Je vous mets le lien d'un article écrit par la rédactrice du blog "Wheelcom : itinéraires d'une jeune parisienne en fauteuil" : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Style incisif et humour détonnant, j'aime le regard qu'elle porte sur le monde.

Bonne lecture!

Coucou Bouclette,

Comme toi, je fais partie de celle qui refuse de ne considérer que la rentabilité honoraires des actes/temps passé, je vais à domicile, et je ne me vois pas refuser d'y aller. J'ai connu plus souvent qu'à mon tour des remaniements d'agenda pour des patients qui venaient au cabinet puis il a fallu instaurer du domicile, la pathologie évoluant...la journée s'allonge...je le fais, sans rechigner. Dans ce contexte, la mise aux normes, ben forcément ça ne passe pas vraiment bien.

Ton lien est excellent Bouclette!